– Dis Lu, tu as peur ?
– Oooohhh, ta gueule Zou!
On est toutes les deux dans la salle d’attente de l’hôpital et j’ai mille pensées qui me viennent à la minute.
Lucie est plutôt sereine, elle en est déjà à sa quatrième séance de chimio donc elle commence à avoir l’habitude, moi pas. C’est une grande première et sincèrement, c’est loin d’être une expérience à vivre. On s’est organisé avec son amoureux pour qu’elle soit toujours accompagnée pour penser un peu à autre chose que le fait qu’on lui injecte un sacré cocktail dans le corps.
Pour le moment, elle le supporte plutôt bien et elle m’impressionne surtout par son optimisme. C’est comme si c’est elle qui nous portait et des fois je me sens coupable, je ne suis pas à la hauteur mais en soit, je ne sais pas comment faire.
Moi qui la connaît sur le bout des doigts, qui connait certains détails hyper intimes de sa vie, je suis gênée face à elle parce que j’ai toujours peur de dire la mauvaise phrase.
Comment prétendre comprendre ce qu’elle ressent, comment trouver les mots justes dans cette situation tellement injuste ?
Un éclat de rire me sort de mes pensées. C’est Lu qui se marre avec une autre fille qui porte un foulard et l’infirmière. Ma Lu s’est fait des potes de chimio, elle est vraiment trop forte et moi je ressens un soupçon de jalousie de ne pas pouvoir comprendre ce qu’elles partagent… qu’est ce que je peux être conne parfois !
On entre dans la salle, l’infirmière l’installe confortablement et elle relie le cathéter avec la poche du fameux cocktail. Ils lui ont posé un tube sous la clavicule en continu comme ça, elle évite les piqûres trop fréquentes à chaque fois.
– Ça fait mal ?
– Non rien… le pire ce sera demain, je vais encore passer ma journée à gerber mais après le 3ème jour, je remonte la pente.
– …
Le manque du quotidien
– Tu sais ce que je regrette ? Les engueulades pour une boite de thon, pour une réunion qui finit à pas d’heure, Romain qui se barre courir trois fois par semaine.. Franchement ça me parait tellement loin…Et en même temps avec cette saloperie, on n’aura jamais été aussi soudé. Un cancer, ça te refait un couple ma vieille !
– Je suis vraiment désolée…
– Ben… de quoi ?
– De me plaindre de ces petites difficultés du quotidien alors que toi tu luttes!
– Zou, au contraire, ne m’exclut surtout pas de ça, toutes les petites choses de la vie, sinon c’est là que tu vas me vexer. On continue à avancer chacune avec nos emmerdes mais c’est pas un concours sinon je ne suis bonne qu’à avoir l’étiquette « CANCÉREUSE » sur le front et ça c’est insupportable.
– OK alors réponds moi, tu as peur ?
– Oui. En ce moment, ce qui me fait le plus flipper, c’est de perdre mes cheveux. J’ose plus me les brosser, à chaque fois c’est un carnage. Il va falloir que je me rase la tête mais là, j’y arrive pas. Non pas que je vais regretter mon crin de cheval au réveil mais j’ai peur du regard de Romain et surtout celui de Sarah. Une maman sans cheveux, c’est pas une maman, non ?
– Lu, t’es la plus chouette des mamans et Sarah, quand elle saura plus tard, tu seras son héroïne de t’être battue comme ça pour elle !
Autant vous dire qu’à ce moment-là, on n’est pas terrible ni l’une ni l’autre et de se mettre à chialer au milieu d’une salle de chimio, ça le fait pas.
L’aider à passer le cap
En sortant de là, on est allé se faire une énorme glace histoire de se donner du courage et on est rentré chez Lu. J’ai pris la tondeuse de Romain et je l’ai aidé à passer ce cap psychologique terrible pour une femme. Elle est magnifique même sans ses boucles blondes, elle fait concurrence à Charlize Theron dans Mad Max, c’est vous dire qu’elle est canon.
C’est mon héroïne à moi, Wonder Woman n’a qu’à bien se tenir !
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Pour en savoir plus sur le cancer du sein voici un article qui vous expliquera comment le détecter
